Après un tour par Popstars et le groupe Linkup, il a sorti le 2 novembre son premier album solo, Matt Pokora, dont est extrait son premier single: Showbiz.
Dans quel contexte as-tu grandi ?
Je suis né et j'ai grandi à Strasbourg. Côté famille, ma mère était secrétaire, mon père représentant, ils sont divorcés depuis que j'ai 12 ans. Ma mère travaille toujours, mais mon père est au chômage depuis quelques années. J'ai passé mon adolescence dans des collèges pépéres, mais j'ai toujours fait du foot dans une équipe de quartier, après j'ai été au lycée professionnel, et j'allais faire du son à la MJC. Même si je n'y vivais pas, c'était eux mes potes, les mecs avec qui je jouais au foot, avec qui j'allais en cours. Mais je n'ai pas envie de revendiquer le fait que j'aie pu faire des conneries, ce qui m'intéresse, c'est la musique. Pour moi, il n'y a pas besoin de venir du ghetto pour être crédible.
A partir de quand tu t'y es intéressé ?
Dès l'âge de 6 ans, avec le 1er album que j'ai eu, BAD de Mickael Jackson. Quand j'ai été en âge d'écouter mes trucs tout seul, je me suis dirigé naturellement vers le rap, le R&B... A l'époque j'écoutais Stomy Bugsy, Gynéco, Secteur A...Il y a toujours eu un gros décalage avec Strasbourg, même s'il y a des mecs qui font du son, ou à part quelques groupes comme NAP, on écoutait ce qui passait à la radio, les morceaux populaires.
Pourquoi avoir choisi le RNB ?
J'ai eu mes périodes Eminem, Nelly, puis 112, Jagged Edge, c'est là que je me suis dit que je voulais vraiment faire du RNB. Avant j'écrivais des textes comme rappeur, c'est impossible de les poser en chant. Au début, j'ai voulu essayer de rapper mais mes potes m'ont encouragé dans le chant. A l'époque, j'aimais bien Vibe, Moïse et bien sûr Matt. C'est sur ses sons que j'ai commencé à chanter. J'aime bien Humphrey aussi mais ma référence c'est Usher!
Comment t'es tu formé à la chanson?
Je n'ai jamais pris de cours, mais j'étais tout le temps en train de chanter, de monter des petites chorégraphies pour les boums... Je touche un peu au piano mais j'ai appris tout seul à trouver les accords. Pour moi,la musique rimait toujours avec show. J'ai fait plus tard un BEP vente mais je savais pertinemment que ce n'était pas cela que j'allais faire et ... 6-7 mois avant Popstars, j'ai monté un groupe avec des potes, Mic Unity. Et je me suis mis à chercher des gens pour bosser, notamment un pote toaster, qui me conseillait : évite tel genre de rimes. c'est trop facile...
Et tu te retrouves dans Popstars...
Pour moi c'était un kiff, je n'étais pas parti pour aller jusqu'au bout, je me suis dit, au moins, j'aurai l'avis de professionnels. Je me suis inscrit tout seul. J'avais un peu suivi les auditions précédentes à la télé. Mais je ne m'attendais pas à faire du POP/ROCK car on nous avait toujours avancé pendant le casting que ce serait un groupe tendance RNB. Je ne pensais pas faire du Pop/Rock, moi mais je ne regrette rien car ça m'a ouvert à d'autres univers et je suis assez content de l'avoir fait car un bon artiste doit pouvoir s'adapter à d'autres styles. Ce n'est pas impossible que dans un prochain album, je fasse un titre avec un groupe de métal, pour faire grandir ma musique.
Tu avais déjà ce look ?
J'étais le seul de la bande qui portait des baggy, j'en porte depuis le collège, par contre les tatouages, c'est nouveau, j'avais pas les moyens de me les offrir à l'époque ! Et puis je voulais que ma mère soit d'accord. Donc j'avais pas de truc aussi clinquant, et les sapes, je les payais en bossant au Quick.
Est-ce que tu revendiques ce passage par la télé realité ?
Je suis fier de l'avoir fait car si j'étais resté à Strasbourg, j'y serais encore aujourd'hui, je serais en bac pro commerce à me faire chier et à attendre d'avoir fini mon bac pro pour monter à Paris et trouver du son.
Comment as-tu été mis en contact avec Kore & Skalp qui produisent les 3/4 de ton disque ?
Au début ils étaient assez réticents. C'est moi qui ai demandé à bosser avec eux, alors Kool, mon manager, a organisé un rendez-vous pour qu'on puisse discuter et qu'ils écoutent les premières maquettes que j'avais faites avec Dj Erise (Le DJ de Singuila, Ndlr). Kore & Skalp ont été surpris, dans Linkup, on ne pouvait pas voir ce dont j'étais capable. Ils m'ont fait écouter 2-3 sons, je suis devenu hystérique, ils m'ont dit voilà, c'est ce qu'on voit pour toi, c'est exactement là où je voulais aller, des sons assez roots, assez mystiques, des prods assez lourdes comme le 1er single. En France, le problème c'est que les gens au lieu de s'occuper à faire avancer leur musique, ils s'occupent à freiner celle de l'autre et à l'arrivée, le son français stagne. Ce qui j'ai apprécié avec Kore & Skalp, c'est qu'ils ont fait abstraction de ce que j'avais pu faire avant.
Et ton nom ? C'est pas un peu abusé d'arriver avec Matt qui est déjà le pseudo d'un autre artiste RNB?
Je m'appelle Matthieu. Mais maintenant c'est M.Pokora pour ne pas porter à confusion, Matt Houston, Matt Pokora, Matt c'est quelqu'un que je respecte énromément donc c'est pour cela que j'ai pris cette décision, pour que les gens ne créent pas une compétition et ne commencent pas à dire des conneries du genre: deux Matt, il n'en restera qu'un ! On continuera à m'appeler Matt car c'est mon diminutif depuis toujours mais par respect, j'ai avec mon équipe, décidé que sur la réédition de l'album, ce sera désormais M.Pokora. Et puis c'est Pokora qui m'importait surtout car j'ai des origines polonaises et ça veut dire humilité en polonais et c'est un mot qui a un sens pour moi. C'est ce qu'on m'a répété dans le milieu. Sois humble, garde la tête froide, je me le suis fait tatouer, comme ça, je ne peux pas me permettre de dire que je l'ai oublié! J'ai aussi (entre autres, car il doit avoir 4 ou 5 tatouages sur le corps, ndlr) un proverbe arabe tatoué qui dit: Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence alors tais toi !